J'espère que vous avez suivi cette affaire de l'inquiétante possibilité que des «DRMs» soient intégrés en standard dans le langage HTML.
Mesurer la portée de la question n'est pas si évident. On s'imagine mal «ce que ça donnerait» s'ils intègrent ces fameux DRMs. Mais pour beaucoup d'entre nous, ils évoquent notre expérience douloureuse avec Flash, une technologie heureusement en perte de vitesse, qui a le don de rendre pénible nos visites sur les sites web qui l'utilisent.
L'article:
https://www.april.org/le-w3c-recompense ... e-hollywebUne pétition est à signer par ici:
http://www.defectivebydesign.org/no-drm-in-html5En bonus, quelques remarques naïves qui contrasteront avec l'offuscation un peu primaire dont on peut faire preuve face à la chose:
- S'ils mettent des DRMs dans HTML, ça oblige pas pour autant les webmasters à les utiliser.
- S'ils mettent pas de DRMs, ça n'empêchera pas les ripoux de mettre quand même des contenus protégés d'une façon ou d'une autre, leurs sites ne seront pas conforme W3C, et alors, pourquoi s'en priveraient-ils ?
- Inversement, et si c'était le W3C qui n'allait pas, le consortium a gagné notre confiance, mais si on n'est plus trop certain de sa pertinence, qu'est ce qui nous contraint à ne pas en créer un autre ? Certes, W3C et HTML sont hyper répandus, et lancer une alternative demanderait un éprouvant travail de repartir à 0, ce à quoi s'évertuent depuis toujours les logiciels libres. Mais là, on espérerait que le W3C nous épargne la tâche, t'es de notre côté W3C, hein, ou pas ?
- Si la solution qu'ils implémentent est propre, n'est-on pas gagnant ? Suffirait d'un paramètrage ou d'un add-on firefox, "ce site utilise des machins cryptés" et hop on ferait demi-tour, on pourrait même faire en sorte que nos moteurs de recherche ne listent pas de tels sites.
- Sauf que les institutions, comme des sites gouvernementaux, ou la majeure partie de la population, utiliseront certainement ces outils DRM sans les remettre plus que ça en question, et que le W3C n'aura pas joué ici son rôle de «recommandation». On imagine bien que les usagers n'auront pas d'autre choix que d'y être confronté. Encore qu'on peut se poser la question, car «les alternatifs» comme on les aime sont aussi les irréductibles, qui n'ont pas cédé à Facebook par exemple.
Alors la question du DRM n'est-elle pas un peu secondaire finalement, qu'est on en train de regretter: que des gens ordinaires vont utiliser ces trucs DRMisés un peu malgré eux, ou que les médias des puissants et qui nous fournissent du contenu vont pouvoir user d'un outil qui aille dans leur sens ?
Qu'est ce que ça donnera quand chacun prendra la décision de DRMiser une simple image sur son site web car c'est la solution indiquée pour en empêcher la copie (sachant que, tout ce que peut être consulté, peut être copié).
Dans tous les cas, on se retrouve avec un web-gruyère à l'image de la société, avec toutefois une certitude: la masse d'oeuvres librement consultables et distribuées, ainsi que les logiciels qui répondent aux mêmes critères de liberté, est croissante et de plus en plus significative (qualitativement). Et, peut-être plus que de lutter contre des moulins à vent, c'est sans doute entretenir ce domaine numérique populaire qui est le plus important.